C'est marrant, je viens de tomber sur ce vieux carnet en rangeant ma valise. Je me rappellais même plus de son existence. Il est vierge de toute écriture. J'ai vite remédié à cela. J'écris un peu pour rien dire, mais bon, tenir un journal intime, ça sert à ça, non ? A exprimer le foutoir qu'il y a dans ma tête, non ? Quand on y pense, c'est tout de même pas aussi salvateur que de se rouler un bon joint. Quoique. Pour se faire sauter les neurones, y'a les flingues aussi. D'ailleurs ça me fait penser à Ellie. Pourquoi ce changement direct de pensées , j'en sais rien, et franchement, j'en ai rien à foutre. Avouez que c'est plus tentant de penser à une jolie fille qu'à un possible suicide. Bref. Un jour, elle m'a sorti que j'étais inclassable. Peut-être. Ou pas. Moi, je me classe dans la catégorie des enfoirés notoires et je m'y complais avec plaisir. La vie est plus facile quand on est classé. Tant qu'on ne me considère pas comme le pauuuuuuuvre orphelin de service. C'est bon, je me rappelle d'où vient ce foutu cahier. Malgrès les saloperies, ce paradis ouaté dans lequel je vais faire un tour de temps en temps, c'est bon, je m'en rapelle. C'est Habbot qui nous l'avait donné. La directrice de mon orphelinat. Elle m'avait dit qu'au lieu de jouer au petit con, je ferais mieux d'écrire dans ce journal. Apparement, je ne l'ai pas écouté. Qu'à cela ne tienne, à présent je vais respecter sa volonté ! D'ailleurs, celle-là, je me suis toujours demandé pourquoi elle dirigeait un orphelinat. Elle détestait les gosses, et leur sortait des saloperies sur leurs parents. A moi, elle m'avait dit que ma mère était très certainement une toxico et une prostituée, ce qui est probablement vrai, malheuresement. D'ailleurs, cet orphelinat était vraiment minable. Il n'y avait pas de chauffage; du moins pas dans les dortoirs; les subventions versées par l'état étaient minimes, donc en mobilier on était pas très bien fournis. J'ai encore mal au dos en pensant au matelas du lit. la bouffe était dégueue, mais ça encore, je peux comprendre, tout le monde n'est pas un marmton, moi le premier !